TRANCHE DE VIE (Des mesures)

C’est extraordinaire ce que les voitures d’occasion sont bien entretenues lorsqu’elles sont proposées à la vente.

- «Mais c’est presque du neuf, mon cher, me dit le vendeur, im-pe-cable. J’ai fait 45.000 kilomètres et le moteur tgoul il vient de sortir de la maison. Le salon, je vous dis pas, c’est un écrin de bijou. «Je suppose, lui dis-je, que vous avez roulé avec les pneus des autres tant les vôtres sont neufs».

La voiture des autres? Vous parlez? C’est toujours une vraie «boumba». Non, mais, ya si l’vendeur, moi je ne veux pas acheter, mais vendre ma voiture que voici». Ce rafiot? mais les amortisseurs sont morts, et je crois que le compteur a été remonté, il semblerait aussi que vous avez reçu un grand choc à l’avant, suite... à un accident je suppose? «Smaht fiha, c’est une voiture ytima ya mon frère».

Voilà, comment en un tour de langue, la voiture que vous voulez acheter devient bijou et celle que vous voulez vendre se transforme en rafiot. Mais ce phénomène n’est pas propre à l’automobile, il est de mise dans toutes les choses de la vie.

Une idée qui vient de vous est à peine acceptable, même si elle est médiocre. Voilà comment les gens sont amenés à se comporter et à communiquer avec autrui. Bien sûr, il y a certains coiffeurs qui épousent vos idées en un tour d’oreille; vous parlez des Chinois, et sitôt ils flattent tous les Jaunes de la terre.

De grâce, ne soyons ni coiffeurs de circonstance, ni raseurs en toutes circonstances.