Le premier objectif est de faire changer notre regard sur le vivant. Nous devons apprendre à retrouver notre place au cœur de la nature, nous qui avons trop longtemps cru en occuper le centre.
A l'échelle terrestre, l'époque récente a été dramatique pour la biodiversité. Pollutions,
réductions ou privations de territoires, exploitations aveugles des ressources naturelles
ajoutées à mille petites agressions, ont mis l'univers du vivant au seuil d'une nouvelle
grande extinction, la première d'origine anthropique. Son rythme est de 100 à 1 000 fois
supérieur à celui qu'il serait sans notre tragique contribution. On estime que 50 000 à
100 000 espèces vivantes sont détruites chaque année sur les 5 à 50 millions existantes.
L’ampleur de la catastrophe est telle que le mécanisme de destruction gagne en vitesse
sur le mécanisme de connaissance, puisque les chercheurs n’ont actuellement identifié
qu’un peu moins de 2 millions d’espèces animales ou végétales vivantes.
L'homme peut être crédité d'une alchimie inversée. Alors que la nature a réussi, en
quelques milliards d'années, à transformer le chaos en vivant élaboré et prodigieux – la
biodiversité – il s'octroie le luxe de générer le phénomène inverse.
Quels sont les enjeux ? Rien de moins que le destin du vivant, l'avenir de la biodiversité
et, accessoirement et conjointement, celui de la communauté des hommes sur cette
fragile planète. Penser que l'espèce humaine puisse tirer seule son épingle du jeu de ce
désordre écologique annoncé serait une monstrueuse erreur d'appréciation. Réduire la
biodiversité, c'est en effet se priver d'autant de chances de succès pour l'avenir. Les clés
du futur sont dissimulées dans cet immense réservoir. La médecine, l'agronomie, la
science en général se nourrissent de la biodiversité, de ses principes et de son génie.
Protéger la biodiversité, ce n’est pas seulement protéger les petites bêtes, c’est aussi et
surtout sauvegarder les systèmes naturels de la Terre qui forment le support de la vie
humaine, l’eau, le sol, l’air… Il existe des outils collectifs de protection de la nature, mais
ce sont d’abord nos gestes et nos choix quotidiens qui contribuent à la sauvegarde de la
planète. Ce combat, nul ne peut le déléguer aux autres, chacun doit s’y engager. C’est le
deuxième objectif de cette campagne que de pousser chacun à agir, à son échelle.
Nous devons respecter la vie sous toutes ses formes, sans condition. Il en va de notre avenir comme
de celui des générations futures. Parce que nos vies sont liées.